Aujourd'hui dans Attaque éclair : des parents impliqués dans les tournois de cartes Pokémon, les vingt ans d'un jeu mythique sur Game Boy Advance et un retour sur le fiasco du musée Van Gogh en octobre dernier !
Nous sommes en 1999. Les premiers jeux Pokémon (Rouge et Bleu) sont publiés en France. Guillaume a 16 ans. Il passe alors à côté du phénomène. Pokémon le rattrape bien des années plus tard lorsque son fils, Niels, entre à l’école primaire. Le garçon demande à son père de lui acheter ses premières cartes Pokémon. “Moi j’étais pas trop dans le délire collection, et je trouvais ça méga cher. Je lui ai dit que c’est un jeu, alors s’il voulait des cartes, on allait apprendre à jouer”, raconte Guillaume. Le père et son fils commencent alors à apprivoiser les règles ensemble. Le papa, “gros joueur de jeux de société”, a connu un passif de joueur d’échecs dans son enfance. En réponse à la passion de son fils, il finit par fonder une Ligue Pokémon, lieu où se retrouvent les joueurs de cartes, à Bailleul (Nord).
Guillaume est un poké-parent. Au gré des performances de Niels, il l’accompagne de tournois en tournois, en France, puis à travers l’Europe, voire même dans le monde entier. “En six mois de pratique, on est passé de débutants à compétiteurs pour un tournoi européen, ça peut aller très vite”, souligne Guillaume. L’été dernier, le duo s’est par exemple rendu aux championnats du Monde Pokémon 2023 à Yokohama (Japon). Niels est d’ores et déjà qualifié pour la prochaine édition, prévue pour cet été à Hawaï.
Les joueurs mineurs sont répartis dans trois catégories : Junior, Senior et Master. © Pokémon, 2016
Pas toujours facile de s’y retrouver pour les parents. Notamment les néophytes. C’est pourquoi Guillaume a eu l’idée, avec un autre papa de joueur Pokémon, d’importer le système de “poké-parents” en France. Pour faire simple, il s’agit d’une communauté destinée à l’échange d’informations entre parents de jeunes compétiteurs et passionnés de cartes Pokémon. “On voulait centraliser les informations, donc on a monté ce canal. Mais on se connaissait déjà avec les autres parents, à force de se voir lors des événements”, détaille Guillaume.
À SAVOIR :
En compétition, les mineurs sont répartis en trois catégories, selon leur date de naissance :
- Junior (jusqu’à 8 ans)
- Senior (8-12 ans)
- Master (12-16 ans)
Aujourd’hui, ce sont une centaine de poké-parents qui sont éparpillés aux quatre coins de la France. Patrice est basé à Rennes. Comme une majorité de parents, c’est son fils qui l’a initié à l’univers Pokémon. Eliot, 14 ans, réalise de belles performances. “J’ai un peu lâché le suivi du jeu, mais mon fils a voulu continuer à fond”, explique Patrice. Le père et son fils ont roulé leur bosse du côté de Bilbao, Utrecht, Barcelone, Londres, ou encore Yokohama, cet été. “C’est l’occasion de rencontrer des personnes de pays complètement différents, d’apprendre culturellement, de s’enrichir personnellement”, résume le père. Les poké-parents servent aussi de soutien émotionnel à leurs enfants, qui apprennent encore à gérer leurs émotions à cet âge-là. Un aspect utile de l’accompagnement, particulièrement à l’heure de digérer les défaites.
“Je trouve qu’il y a une belle communauté Pokémon chez les enfants. Le côté compétitif est présent, mais l’esprit reste bienveillant”, juge Maud, maman de deux jeunes joueurs de six et huit ans. Les deux frères débutent leur première année de pratique sérieuse. “C’est bluffant de voir à quelle vitesse les enfants s’adaptent, ils ont réussi à échanger avec d’autres joueurs qui parlaient anglais”, raconte-t-elle. Avec son mari et ses enfants, ils vivent à Montluçon, dans l’Allier. Les déplacements vers les tournois sont longs, et peuvent coûter cher à la longue. “C’est un budget mine de rien”, acquiesce Patrice.
“C’est bluffant de voir à quelle vitesse les enfants s’adaptent, ils ont réussi à échanger avec d’autres joueurs qui parlaient en anglais”.
“Un week-end de tournoi peut coûter entre 400 et 600 euros au total”, estime Guillaume. Le papa précise que The Pokémon Company International, qui organise les compétitions, met parfois en place des aides au voyage à destination des jeunes joueurs. À cela s’ajoutent les récompenses réservées aux enfants qui réalisent de bonnes performances lors des tournois. La pratique compétitive demande ainsi des investissements, à la fois de temps et d’argent. “La contrepartie, ce sont toutes les belles expériences partagées avec les enfants, les souvenirs enrichissants, et à l’arrivée, une ouverture d’esprit supplémentaire”, sourit Guillaume.
Là encore, la communauté des poké-parents joue son rôle. Les familles s’échangent autant d’informations pratiques liées aux compétitions et au jeu que des bons plans logistiques, notamment en matière d’hébergement et de transport. “Maintenant, c’est à mon tour de donner des conseils aux nouveaux venus lorsqu’ils en ont besoin”, s’amuse Maud. Alors que les compétitions en catégories Junior enregistrent des taux de participation particulièrement élevés ces derniers mois, la communauté des poké-parents devrait, elle aussi, continuer à s’agrandir.
“On sait, on a vu”.
La polémique a enflé. Palworld, Pokémon-like dont on parlait dans le précédent numéro de cette newsletter, a connu un succès fulgurant (déjà plus de 8 millions de copies vendues !). Problème : des accusations de vols de modèles 3D et d’utilisation d’intelligence artificielle ont remué les débats ces deux dernières semaines. The Pokémon Company a décidé de sortir de son long silence, sans jamais citer Palworld explicitement. “Nous avons reçu de nombreuses interrogations à propos d’un jeu publié par une autre entreprise en janvier 2024. Nous n’avons permis aucune utilisation de la propriété intellectuelle de Pokémon pour ce jeu. Nous envisageons d’enquêter, et prendrons les mesures appropriées”.
Pikachu est timbré.
Avis aux philatélistes. La Poste émettra une série de timbre inédite à l’effigie de Pikachu. Une avant-première est prévue le 27 février, jour du Pokémon Day, au Carré d’Encre, à Paris. Ce sera l’occasion de se procurer un set collector de quatre timbres, affichant Salamèche, Carapuce et Bulbizarre. Toutes les infos sont à retrouver ici.
Concours de popularité.
Et vous, c’est lequel votre préféré ? Pour le site spécialisé en jouets The Toy Zone, Pikachu est le pokémon le plus populaire de la planète (bizarre). Dans un billet de blog, le site explique avoir analysé les datas Google pour définir quel pokémon est le plus recherché en 2023 dans chaque pays. Et certains résultats sont surprenants. En France, par exemple, c’est Flabébé qui arrive en première position. L’année dernière, c’était Mewtwo qui était le plus recherché sur Google dans le pays.
S'il s'agissait de résultats électoraux, Pikachu deviendrait le président de la Terre.
Il y a des moments qui marquent l’enfance. Voir sa mère rentrer à la maison avec un exemplaire de Pokémon Vert Feuille sous le bras en est un. Le jeu, et sa version alter ego Rouge Feu, fêtaient ce 29 janvier leur vingtième anniversaire au Japon. En France, il est sorti quelques mois plus tard, en octobre 2004. Il s’agit d’un remake des toutes premières versions à la sauce Game Boy Advance. En bonus, il inclut un post-game plus étoffé, avec l’introduction des îles Sevii. Et puis, qui se souvient de la douce époque où les boîtes de jeux contenaient des petits livres remplis de conseils et autres détails sur le jeu ? Grâce au livret glissé dans la boîte de Pokémon Vert Feuille, j’ai découvert l’existence de l’écriture braille, imprimée sur la toute dernière page. Pour réussir certaines quêtes, il fallait déchiffrer des énigmes dans ce système, initialement inventé à l’usage des personnes aveugles et malvoyantes.
La douce époque des livrets d'information dans les boîtes de jeux vidéo.
Cette semaine, une recommandation lecture. Les images avaient fait le tour du monde. En septembre dernier, le musée van Gogh annonçait une collaboration avec Pokémon pour fêter les 50 ans du musée. La bonne (?) idée pour marquer le coup : offrir une carte exclusive aux visiteurs. Il n’en fallait pas moins pour qu’une nuée de scalpers vienne jouer des coudes pour se procurer le fameux sésame, finalement retiré à la distribution par le musée. The Guardian, média britannique, revient en détail sur cet épisode, dans un article publié le 16 janvier dernier (en anglais). Après quelques mois de recul, le journaliste, Matt Poskitt, donne la parole à des employés de l’établissement. “Ils décrivent des scènes qui ressemblaient plus à un parc d’attraction qu’à un musée”, raconte le journaliste.
Merci d’avoir lu cette lettre ! Pour toutes questions, recommandations de sujets, demandes d’éclaircissements, et plus encore, mes mails sont ouverts : mehdi.magueur@gmail.com
On se retrouve dans deux semaines pour un nouveau numéro d’Attaque éclair !
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